Qu’est-ce qui fait courir Pareille ?

“Qu’ils soient d’ici ou de n’importe quel parage

Moi, j’aime bien les gens qui sont de quelque part

Et portent dans leur coeur une ville ou un village

Où ils pourraient trouver leur chemin dans le noir”

Jacques Debronckart (Adelaïde)

Buzet-sur-Tarn. Hameau des Luquets. Dimanche 9 février 2014.

A quoi rêvent les têtes de liste aux élections municipales ?

Qu’est-ce qui les fait courir ?

Concourir ?

Entre le goût du pouvoir et le pouvoir du goût, Xavier Pareille a choisi.

Dans son discours inaugural devant un parterre qui a les pieds sur terre et dans la terre, il a littéralement donné ses tout premiers papiers d’identité à un village pour lequel il voue un vrai attachement.

Déjà rompu à l’art oratoire par sa profession d’enseignant, il s’est révélé être un excellent “tribun” au sens noble du terme, se lançant dans un discours sans notes (et improvisé, me confiera-t-il après...).

“Je sais que j'ai un défaut, au moins..., a-t-il commencé à dire : j'ai tendance à faire trop long. Mais rassurez-vous, aujourd'hui, vous avez un allié, qui va m'obliger à faire court... et à ne pas faire cours... : une rhino-pharyngite”.

Ici, le message est clair : on peut aspirer aux très sérieuses fonctions de maire et ne pas oublier de le faire, aujourd'hui et demain, dans la bonne humeur.

“J'ai pourtant tellement de choses à vous dire sur tellement de choses à faire pour ce village... Des choses... à oser”.

D’aucuns diront que les belles phrases ne font pas tout et que les promesses rendent les fous joyeux. Certes.

Il n’empêche. Son allocution, fluide, réfléchie, argumentée, a scellé sa fibre de maire pour un village de 2350 habitants :

“ Je vais vous confier un secret... En fait, il s'agit là de mon premier vrai discours électoral. Alors, je m'amuse de ceux qui parlent d'ambition à mon sujet quand je constate que, finalement, je commence une carrière “politique”, au sens noble du terme, à 51 ans... Vu mon parcours, franchement, j'aurais pu démarrer plus tôt, mais il a fallu un moteur à cette vocation, et ce moteur, c'est l'amour, comme toujours dans ma vie, et, ici, c'est l'amour de Buzet”.

“Il ne faut pas en souhaiter plus” : rural, mais sans arriération, Buzet est aimé. Et Buzet est aimé parce qu'il est “fort d'un riche passé, ponctué de pics et de drames”... “Mais je crois qu'on ne construit jamais l'avenir sans le faire reposer sur le passé, sur l'histoire... comme sur la géographie d'ailleurs” … Et c'est ici que culture et agriculture ne sont pas antinomiques.

Une allocution empreinte d’humanisme et de réalisme sans béatitude, dont l’un des points forts fut sans aucun doute l’annonce d’une gestion municipale collégiale :

“Tous les élus seront formés et chacun aura une délégation...”.

“Sans cela, a-t-il assuré, rien ne sera vraiment possible, tout continuera comme avant, plus ou moins, cahin-caha” .

Par là même, il a tordu le cou à cette tenace pratique du maire seul décisionnaire, cette funeste habitude de “l'omni-maire” .

Exit ce sparadrap collant avec la création de commissions extra-municipales où chacune et chacun seront acteurs, servis par les savoirs et compétences.

Xavier Pareille enseigne les sciences politiques, atout majeur qui s’adosse à sa fonction d’élu au Conseil Municipal sortant.

Son expérience de terrain lui a donné l’occasion de se confronter à des situations parfois cornéliennes, mais "je n'en suis pas à ma première tragédie".

Qu’est-ce qui fait courir Pareille ?

Le travail, en vertu cardinale. Souvent, très souvent à son bureau. C'est un bourreau de travail. En réflexion. Constante. Jamais content de lui. Loin de l'image qu'il peut parfois donner... ou qu'on veut lui coller. Sournoisement. Remettant sa copie sur l’ouvrage autant de fois qu’il le faut pour tendre vers l’excellence. Les tracts déjà distribués reflètent la vision qui est la sienne, très pensée, qu’il souhaite “commune” pour la commune.

Au hameau des “Luquets”, trop longtemps relégué à plus tard, malgré les doléances trop souvent repoussées, les échanges ont été nourris sur “les bancs qui ont été enlevés sur la place, le goudron promis qui n’a jamais rebouché les trous, l'éclairage, chaotique, une salle municipale à ouvrir davantage...”. Et Xavier Pareille de rappeler qu'il est ici question de "flamme, d'âme…" à diffuser bien au-delà de ce hameau. Sur tout Buzet.

Au hameau des “Luquets” ont été présentés les colistiers de Xavier Pareille, toutes, tous investis dans une promesse d’avenir pétrie de passion et d’énergie.

Xavier Pareille a d'ailleurs conclu son appel... par un appel... des “amis de la liste”, "histoire, a-t-il ajouté ironiquement, de jouer au prof". Les "amis de la liste", comme il les nomme, sans lesquels, a-t-il tenu à préciser, “rien ne serait possible, à commencer par moi”.

Le programme, enfin et surtout. Qui ne laisse personne à la ramasse -et déjà maintes fois écrit, sur le blog ou sur les tracts-, entre mesures symboliques, grands travaux et “règlement des petits soucis du quotidien qui empoisonnent la vie des gens, à force de n'être pas réglés, et finissent par créer la défiance à l' égard des élus, écho d'une défiance nationale installée depuis des dizaines d'années... Sur ça comme sur le reste, il faut une rupture... radicale....”. Et Xavier Pareille d'énumérer “les choses à faire, et qui se feront, si la population nous fait l'honneur de nous confier la majorité au Conseil municipal...”. “Tout revoir sur les poubelles... Les enterrer ? Ce n'est pas si cher... Boucher les trous des chemins de façon durable. C'est plus cher, mais, ensuite, c'est affaire de priorités”. “Et puis encore, en finir avec le scandale d'une fin de la rue d'Albigeois, avant Bessières, où les trottoirs sont impraticables et obligent les gens à marcher sur la chaussée. Parfois on y voit même des mères avec leur poussette... Quelle honte!... Et puis aussi, sécuriser certains abords de la ligne HOP, en face d'Intermarché..., pour éviter que les gens, dont les enfants ne traversent n'importe où... Et sécuriser ceci jusqu'à la gare, en passant sous le petit pont.., histoire de relier les différents coins de Buzet... Car décider pour un village, selon moi, c'est voir les problèmes ensemble, et non pas un par un, tenter de trouver des solutions qui créent du lien entre elles... et finissent par créer du lien social... Création du lien social qui doit être l'objectif majeur des décideurs aujourd'hui, tant il est abîmé, dégradé, saccagé...”.

“Et puis l'ancienne gare, à aménager aussi en lieu de vie... par des commerces et des services publics... parce que le privé doit cohabiter avec le public... Encore du lien que tout ceci...”.

“Et puis une salle polyvalente sur le plateau sportif... parce que tout est à faire pour les jeunes et les autres... Penser le lien, toujours, entre jeunes et anciens, entre tout le monde...”.

Premier acte fort, un grand débat sur la “Communauté de Communes Tarn-Agout” et sa funeste vitrine des “Portes du Tarn”, ogre vorace dont les bottes de sept lieues n’ont plus la magie des contes...

“Ce sujet est trop complexe pour qu'on le noie parmi beaucoup d'autres propositions de campagne, d'autres lignes de programme. Notre position est très claire : en l'état actuel de ce que nous avons constaté des méthodes de cette Intercommunalité, nous n'en voulons pas... Mais, encore une fois, c'est un sujet complexe qui mérite, à lui seul, un débat, loin des passions de la lutte pour le pouvoir. Il va de soi, dès lors qu'on programme ce débat après les municipales, qu'il faudra bien redonner la parole au peuple pour trancher à la fin... et ça s'appelle un référendum. L'intercommunalité est, aujourd'hui, la question qui a le plus d'importance dans la vie des petites communes. Il ne faut pas donner seulement à une quinzaine de personnes, au prétexte qu'elles ont été élues, le pouvoir de décider ce genre de choses... Je crois au peuple, je crois en sa puissance et les élus ne sont qu'à son service. Toujours. Il faut absolument s'assurer que les élus ne se croient pas tout permis, or c'est une pente naturelle chez l'homme que de devenir fou par le pouvoir... sauf si l'on s'assure, avant, de garde-fous... Toute autre solution avancée ne consistera qu'à démontrer que, finalement, on refera comme avant : les élus se prendront pour des rois... ou roitelets...”.

Qu’est-ce qui fait courir Pareille ?

“Certainement pas un plan de carriériste”. La remarque a été faite par une participante à cette première rencontre avec la population. (Il y en aura d’autres). Car Xavier Pareille sait aussi s’arrêter. Et écouter. Le prouve aussi la permanence, ouverte depuis samedi 8 février, où chaque Buzétois est le bienvenu, préfiguration de ce lieu ouvert que pourrait devenir la mairie, qu'il aime à rebaptiser la “maison commune”.